+44 % de CO2 en 20 ans pour les déplacements en voiture, bus, 2 et 3-roues
Si la décarbonation du trans- port est si longue à produire des résultats, c’est d’abord parce que les pays misent en priorité sur le levier technologique de la transition énergétique. Or, son rythme de diffusion sera lent, tout particulièrement pour transformer le parc automobile mondial (1,2 milliard de voitures), à l’origine des trois quarts des émissions du transport dans les villes. Dans son rapport « Objectif zéro émission en 2050 », publié en mai 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe que 20 % des voitures seront électriques en 2030 (contre 1 % aujourd’hui). D’ici là, il ne faut donc pas s’attendre à un impact significatif en termes de CO2. Cela, d’autant qu’en raison d’une empreinte carbone supérieure à celle d’un véhicule essence pendant leur phase de fabrication, leur bilan carbone ne devient positif qu’après un certain temps de roulage.
Second levier technologique prometteur à court terme: le gain d’efficacité énergétique des moteurs thermiques actuels, qui se traduit par une moindre consommation de carburant. Mais les résultats récents (-0,7 % en 2017) ne sont pas au rendez-vous des objectifs (-3,7 % par an) et loin derrière les progrès réalisés sur la période 2005-16. La cause : le succès des SUV qui représentent aujourd’hui 40 % du marché des voitures neuves au niveau mondial.
Cet échec à décarboner rapidement les mobilités souligne aussi avec force la cause profonde de l’explosion des émissions de CO2 du secteur ces 40 dernières années : l’accélération de la vitesse des déplacements, et son pendant, l’augmentation des distances parcourues. Or, la demande de transport de voyageurs va continuer à progresser. Elle devrait être multipliée par 2,3 par rapport à 2015 d’ici à 2050, selon l’édition 2021 du Transport Outlook du Forum International des Transports (FIT). Et encore, ce chiffre « reflète la trajectoire incertaine de la reprise après la pandémie de Covid-19 ». Ce constat imposerait d’agir plus fermement pour enrayer le cycle infernal entre croissance de la demande et explosion des émissions mais, pour l’instant, peu de pays s’y sont attelés.