Outre ces facteurs, un nombre croissant de villes envisagent désormais d’opérer une transition de leur flotte actuelle de bus vers des véhicules électriques. En octobre 2017, dans le cadre du C40 (Cities Climate Leadership Group), les maires de 12 grandes métropoles, notamment Londres, Paris, Los Angeles et Mexico, ont signé une déclaration commune fixant comme objectifs de faire disparaître l’énergie fossile des rues de leur ville (Fossil-Fuel-Free Streets Declaration), avec l’utilisation de bus à zéro émission dès 2025 et, d’ici à 2030, de transformer une partie importante de leur ville en zones à zéro émission.
VERS UN FUTUR VIABLE
Pour l’heure, les bus électriques coûtent deux fois plus cher que les modèles diesel, essentiellement en raison du prix élevé des batteries – qu’il s’agisse de l’investissement initial ou du coût de remplacement ou de location. Le prix des batteries a toutefois chuté jusqu’à 90 % au cours des dix dernières années. Et il devrait continuer à baisser, les projections actuelles indiquant que les bus électriques seront commercialement viables entre 2020 et 2025 (Source).
Dans la perspective du remplacement des flottes de bus actuelles par des bus électriques, il est important que les Autorités Organisatrices procèdent à des expérimentations. Cela leur permettra de prendre en compte les attentes, contextes et défis locaux en créant des modèles et en évaluant les impacts techniques et économiques. Et leur donnera les moyens d’assurer la meilleure qualité de service et les meilleurs coûts d’exploitation à long terme.
Recharger les batteries efficacement demeure un facteur clé pour la réussite des essais actuels ou futurs. Il existe deux manières de le faire. La première consiste à les recharger pendant le trajet, par charge rapide. Quand le véhicule s’arrête, un système pantographique se connecte à un chargeur rapide pendant quelques secondes à quelques minutes. Le véhicule dispose ainsi d’une autonomie suffisante jusqu’à la charge suivante. Cette procédure peut être mise en œuvre au niveau de chaque ou de plusieurs stations, ou en bout de ligne. En Finlande, Helsinki exploite déjà plusieurs bus électriques qui fonctionnent ainsi.
La deuxième solution consiste en un chargement au dépôt, pendant six à huit heures. La charge des batteries se fait alors pendant la nuit. La solution adoptée dépend de divers facteurs, comme la topographie de l’itinéraire, la distance entre les arrêts, les conditions climatiques, le temps d’attente aux stations et le nombre de passagers à bord.
LES ÉCOBUS ET LA POLITIQUE URBAINE GLOBALE
Le remplacement des flottes de bus diesel dans des villes congestionnées contribuera certes à réduire les émissions de gaz à effet de serre, de même que les particules fines et l’oxyde d’azote. Mais leur action positive sur l’environnement sera d’autant plus grande si la mise en service de ces bus électriques performants et silencieux encourage un report modal, en incitant les gens à laisser leur voiture au garage. C’est à ce niveau que l’impact sera le plus important.
Selon les calculs et les modélisations réalisés par la Banque mondiale, si les bus transportant 150 000 passagers par jour, sur un itinéraire de 30 km, passent au tout-électrique, les émissions annuelles diminuent de 27 %. Mais si 10 % seulement des passagers en viennent à laisser leur véhicule chez eux, cela se traduit par une réduction de 48 % des émissions polluantes.
Ici encore, la Chine semble ouvrir la voie. Comme mentionné plus tôt, la ville de Shenzen est à cet égard exemplaire, avec plus de 16 000 bus tout électriques. Si l’on considère la question à long terme, la transition vers les énergies alternatives est donc bien plus qu’un simple changement de motorisation. Malgré les défis qu’elle implique, l’électromobilité va continuer à s’inscrire de plus en plus dans le paysage urbain. Les bus électriques sont, sans nul doute, un élément moteur vers un transport plus durable en zone urbaine. Ils vont aussi nous conduire à revisiter la façon dont nous percevons ce mode et dont nous vivons les transports publics du XXIe siècle.