D’où vous est venue l’idée d’Imaginactive ?
Imaginactive est avant tout une usine à idées. Une invention présentée sur le site contribuera peut-être à faire naître d’autres idées. Certaines d’entre elles sont très ponctuelles. D’autres peuvent être grandioses. C’est génial de pouvoir se promener des deux côtés du spectre.
Imaginactive veut attirer ceux qui ont la capacité de développer vos idées ?
C’est un peu ça. Aller chercher et regrouper des gens d’affaires, des scientifiques, des designers industriels pour améliorer ce qui existe et faire avancer la société. Si certains concepts ont du succès, les grandes compagnies peuvent s’y intéresser et investir les ressources nécessaires pour faire progresser la technologie et développer de nouveaux marchés.
Cela signifie que tous les projets que vous présentez vous semblent réalisables ?
Je suis ingénieur de formation. C’est une base solide qui me permet d’imaginer le futur avec une bonne perspective. La base de mes projets doit toujours être rationnelle pour ensuite extrapoler et sortir du cadre. Je ne suis associé à aucune entreprise et je finance mes projets moi-même. C’est ce qui me permet d’agir avec une plus grande liberté. C’est précieux, mais en même temps, sans aucune directive précise, il est plus facile de s’égarer.
D’où vient, justement, votre capacité à décaler votre pensée ?
C’est un style d’improvisation fondé sur l’observation et une certaine vision de la vie. J’identifie des problèmes et j’imagine des solutions pour les résoudre tout en soupesant les avantages et les inconvénients que ces innovations apporteront. J’essaie d’ouvrir des portes afin que les professionnels, les entreprises et le public découvrent de nouvelles opportunités, des défis, des problèmes et des lacunes.
Pour imaginer la mobilité de demain, il faut casser le cadre d’aujourd’hui ?
Un véhicule ne peut plus être pensé comme un simple moyen de se déplacer d’un point A à un point B. Il doit nous permettre d’en faire plus. Par exemple, réduire notre stress, mieux communiquer et travailler, réduire les risques d’accident et pourquoi pas améliorer l’environnement au lieu de le détériorer.
Alors, c’est le grain de folie qui distingue l’ingénieur de l’inventeur ?
L’ingénieur est formé pour résoudre des problèmes les uns après les autres, brique après brique. Il va concevoir un objet fonctionnel et manufacturable. C’est une démarche rationnelle qui se distingue de celle de l’inventeur, qui va d’abord définir son idée puis chercher les moyens de la réaliser sans prendre forcément le temps de vérifier les hypothèses. Je trouve beaucoup d’avantages à puiser dans les deux démarches, mais je me retrouve également dans une troisième catégorie : celle des designers industriels, qui ne touchent pas à l’invention, mais plutôt à sa forme et ses fonctionnalités.
Et vous, quelles sont les personnes qui vous ont inspiré ?
Sam Lapointe. C’était le premier designer industriel de Bombardier Produits Récréatifs (BRP). Il a dessiné des centaines de motoneiges, motocross et motomarines et autres concepts avant-gardistes pour l’entreprise dans les années 60 à 80. Lorsque j’étais enfant, j’ai vu et essayé plusieurs de ses réalisations. Son travail et celui des autres designers industriels, ingénieurs et techniciens travaillant chez Bombardier Produits Récréatifs m’ont toujours inspiré (et m’inspirent toujours, d’ailleurs).